De l’engagement à l’action : les dirigeants unissent leurs voix
pour réduire les inégalités d’accès à la chirurgie

Selon les experts, il faudrait 300 ans pour former suffisamment de chirurgiens capables de répondre à la demande mondiale.

Lors d’un événement essentiel organisé au cours de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) à Genève fin mai, les organisations non gouvernementales Mercy Ships et Operation Smile ont célébré dix ans d’efforts communs pour améliorer l’accès à des soins chirurgicaux équitables. Les dirigeants mondiaux, les ministres de la santé et les experts présents ont recensé les progrès réalisés et les défis urgents à relever pour fournir des soins chirurgicaux sûrs et abordables à tous.

Malgré une prise de conscience croissante et l’adoption de résolutions politiques, 5 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des soins chirurgicaux sûrs et abordables. (Global Surgery 2030 : preuves et solutions pour parvenir à la santé, au bien-être et au développement économique – The Lancet).

Cet écart entre les engagements et la réalité a été un thème central de l’événement.

Le Dr Neema Kaseje, chirurgienne pédiatrique humanitaire travaillant dans le camp de réfugiés de Kakuma, a mis l’accent sur les histoires des êtres humains qui se cachent derrière ces statistiques : des femmes qui ont besoin d’une césarienne en urgence pour sauver leur vie et des enfants atteints de malformations congénitales privés d’éducation car ne pouvant pas se rendre à l’école.

« Nous savons aujourd’hui que 5 milliards de personnes n’ont pas accès à la chirurgie. Mais sur le plan opérationnel, nous sommes loin du compte. L’accès seul ne suffit pas », a-t-elle ajouté.
« Des services chirurgicaux de mauvaise qualité peuvent aggraver les résultats. Nous devons garantir l’accès à des soins de haute qualité, en particulier dans les contextes fragiles et ruraux.»

Faisant écho à ces propos, le Dr Barnabas Alayande, chirurgien généraliste et membre du corps enseignant de l’Université pour l’équité de la santé mondiale au Rwanda, a déclaré : « Même après avoir formé 2 500 chirurgiens depuis 2015 en Afrique Centrale et Australe, la densité du personnel chirurgical n’a guère augmenté, avec seulement 0,06 pour 100 000 habitants. Au rythme actuel de développement de ce personnel de santé, il faudrait 300 ans de formation de chirurgiens pour répondre à la demande mondiale. Nous devons désormais être créatifs : tirer parti de technologies telles que le télémentorat, les modèles en étoile et la formation sur le terrain pour améliorer le maintien des soins en milieu rural. Nous devons repenser qui nous formons, où et comment. »

Engagement politique

Kwabena Mintah Akandoh, Ministre ghanéen de la Santé, a prononcé un discours percutant, soulignant l’engagement de son pays en faveur de l’équité en matière de soins chirurgicaux. Mettant en avant le lancement en septembre 2024 du Plan national pour la chirurgie, l’obstétrique et l’anesthésie (PNCOA) du Ghana, il a abordé l’accès aux services chirurgicaux comme une question de justice, et pas seulement de santé.

Ce plan, aligné sur l’objectif de développement durable n° 3, s’articule autour de six piliers, allant des infrastructures au financement. En moins d’un an, le Ghana a évalué plus de 100 établissements chirurgicaux, formé plus de 300 prestataires de santé et acheté les équipements essentiels.

« Les indicateurs chirurgicaux ont été intégrés dans le système national d’information sanitaire (DHIMS) du Ghana, et le pays s’oriente vers une augmentation de 20 % du salaire des professionnels de santé dans les zones rurales afin d’améliorer le maintien dans le pays », a-t-il expliqué.

Alors que le Ghana montre la voie, d’autres pays restent à la traîne. Le Dr Emmanuel Makasa, chirurgien orthopédiste défenseur de longue date du projet, a souligné que la volonté politique doit se traduire par une intégration horizontale, et non par des programmes isolés ou verticaux.

« L’innovation et la collaboration entre régions et pays sont essentielles pour produire des fournitures chirurgicales indispensables telles que sutures, lames et  liquides intraveineux. Les pays peuvent ainsi se soutenir mutuellement et réduire leur dépendance. L’impact durable ne vient pas du discours, mais de l’action, de l’intégration et de l’innovation ancrées dans la responsabilité de l’ensemble du système. »

Construire pour l’avenir

Alors que la dernière décennie a été fortement axée sur les données, les indicateurs, les définitions et les mesures, plusieurs intervenants ont souligné la nécessité d’utiliser désormais ces bases pour stimuler la transformation.

« L’accent mis sur les mesures, les définitions et la collecte de données a été fondamental », a comenté le Dr Caroline Haylok-Loor, anesthésiste et présidente élue du conseil de la Fédération mondiale des sociétés d’anesthésiologistes (WFSA). « Cela nous a donné une orientation, des solutions concrètes étayées par des études et des analyses systématiques. Nous sommes désormais conscients des défis à relever et de la direction à prendre. »

Le Dr Teri Reynolds, qui dirige les services cliniques du département des systèmes de santé intégrés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné comment ce mouvement a inspiré une nouvelle génération de professionnels de la santé, de chirurgiens et d’anesthésistes qui ont bénéficié d’expériences inespérées sans l’ouverture donnée par le mouvement mondial pour la chirurgie.

Le partenariat comme moteur

Le pouvoir du partenariat a été un thème récurrent de la soirée. Le Dr Ayala a lancé un appel vibrant en faveur d’une collaboration multisectorielle. Les gouvernements ne peuvent pas agir seuls. Les ONG, les fondations et le secteur privé doivent travailler ensemble, partager leur expertise et leurs connaissances, afin de transformer les partenariats en un impact durable.

Marina Anselme, secrétaire générale de la Fondation MSC, a expliqué comment l’industrie et le secteur privé peuvent contribuer efficacement au renforcement des systèmes de santé. « Nous soutenons Mercy Ships et Operation Smile en transportant du matériel médical d’urgence et en permettant la fourniture de soins chirurgicaux gratuits dans le monde entier. En outre, nous cofinançons la construction du nouveau navire-hôpital de Mercy Ships, en nous engageant à couvrir 50 % de son coût au cours des trois prochaines années. »

Pour clore la soirée, le Dr Walt Johnson, directeur des partenariats stratégiques chez Mercy Ships, a souligné que ces partenariats étaient essentiels comme moteurs du progrès dans le domaine de la chirurgie mondiale

« Si vous vous souvenez bien, l’objectif 8 du Millénaire pour le développement portait sur les partenariats. Il en va de même pour l’ODD 17, qui, en réalité, restera en vigueur jusqu’en 2030 », a-t-il déclaré. « Chacun d’entre vous, que vous soyez issu d’un État membre, d’un bureau régional ou d’une institution universitaire, a un rôle à jouer et est un partenaire. Tout ce que nous faisons dépend du partenariat. C’est essentiel pour atteindre le but fixé en matière de chirurgie mondiale. »

Grâce à une mise en œuvre plus rigoureuse des politiques, à une action coordonnée et à un engagement commun en faveur de l’équité, la communauté mondiale de la santé se rapproche d’un avenir où l’accès à la chirurgie ne sera plus un privilège, mais une garantie pour tous.

À PROPOS DE MERCY SHIPS :

Mercy Ships est une organisation humanitaire internationale qui déploie les deux plus grands navires-hôpitaux civils au monde, l’Africa Mercy et le Global Mercy, pour fournir des soins de santé gratuits et de première qualité aux plus démunis. L’ONG internationale soutient également le développement des systèmes de santé des pays hôtes par la formation des professionnels de la santé et la rénovation d’infrastructures. Fondé en Suisse en 1978 par Don et Deyon Stephens, Mercy Ships est intervenu dans 55 pays. A bord de ses navires, une moyenne de 2 500 bénévoles par an, issus de 60 pays, contribuent à l’œuvre de Mercy Ships. Des professionnels tels que chirurgiens, dentistes, personnel infirmier, formateurs dans le domaine de la santé, cuisiniers, marins, ingénieurs et agriculteurs dédient leur temps et leurs compétences à cette cause. Avec des bureaux dans 16 pays et un Centre opérationnel pour l’Afrique basé à Dakar, au Sénégal, Mercy Ships se met au service des nations en restaurant santé et dignité.

À PROPOS D’OPERATION SMILE

Operation Smile est une organisation mondiale à but non lucratif de premier plan qui comble le fossé en matière d’accès aux chirurgies et aux soins de santé essentiels, en commençant par la chirurgie des fentes labiales et palatines et les soins complets. Nous fournissons une expertise médicale, des formations, du mentorat, de la recherche et des soins grâce à notre personnel dévoué et à nos bénévoles à travers le monde, en collaboration avec les gouvernements locaux, les organisations à but non lucratif et les systèmes de santé, et avec le soutien de nos généreux donateurs et partenaires commerciaux. Pour plus d’informations sur Operation Smile, veuillez consulter le site operationsmile.org

Pour plus d’informations sur Mercy Ships, veuillez contacter Sophie Barnett :

Responsable des relations publiques internationales chez Mercy Ships

international.media@mercyships.org

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