Une chirurgienne formatrice de Madagascar transmet ses compétences et son rêve
Dans le monde de la médecine, souvent dominé par les hommes, la professeur Fanjandrainy Rasoaherinomejanahary fait partie d’une lignée de femmes qui y jouent un rôle actif depuis plusieurs générations.
« Je suis la fille d’une infirmière », déclare la chirurgienne malgache et professeur de chirurgie viscérale, connue sous le nom de Fanja.
Lorsqu’elle était petite fille, elle avait une vue unique du monde de la médecine, puisqu’elle regardait sa mère travailler dans un service de chirurgie. En l’observant s’occuper des patients, un rêve a commencé à germer dans le cœur de la future professeur Fanja.
« Regarder ma mère soigner des personnes après une opération et les voir guéries le lendemain me motivait », explique-t-elle.
Elle a commencé à bâtir son propre projet sur les fondations construites par sa mère. Son rôle était de s’occuper des patients après leur opération. Elle voulait aller plus loin et devenir chirurgienne.
Après un travail acharné pendant ses années d’études, et grâce à un partenariat de longue date avec Mercy Ships, elle est devenue cette chirurgienne. Mais elle ne voulait pas s’arrêter là : elle souhaitait aider d’autres chirurgiens et renforcer les capacités de son pays insulaire, afin que les patients puissent continuer à recevoir des soins longtemps après son départ.
Les sacrifices d’une mère
En tant que femme se hissant au sommet de sa spécialité à Madagascar, la professeurFanja a dû surmonter de nombreux obstacles et faire de douloureux sacrifices.
« Il n’a pas été facile d’arriver à ce stade », se confie-t-elle.
Elle a interrompu ses études pendant un an lorsqu’elle a eu son premier enfant. Sa mère s’est ensuite occupée de son fils lorsqu’elle a repris ses études. Elle a ensuite eu deux autres enfants tout en menant une carrière intense et exigeante.
« Au fil du temps, les choses se sont stabilisées, la vie familiale s’est équilibrée, tout comme ma vie professionnelle », déclare-t-elle.
La professeur Fanja a déclaré que sa famille l’avait toujours soutenue avec plaisir, car elle comprenait ses motivations pour devenir chirurgienne. Elle ne cherchait pas seulement à concrétiser sa propre ambition.
« L’objectif final n’était pas seulement pour moi », déclare-t-elle.
Même avec ce soutien précieux, elle a dû renoncer à des moments importants pour poursuivre son rêve – et devenir qualifiée dans son domaine. Lorsqu’elle s’est rendue à Paris pour parfaire sa spécialisation, elle a dû laisser ses deux jeunes garçons à la maison avec sa famille.
« Ce sacrifice m’a vraiment marquée », dit-elle.
Elle a ensuite eu son troisième enfant, une fille. Même avec trois enfants en bas âge, la professeur Fanja n’a reculé devant rien pour améliorer l’accès à des interventions chirurgicales sûres à Madagascar. Tout en jonglant avec les exigences d’une vie professionnelle bien remplie et d’une famille aimante, elle a appris à tirer le meilleur parti de chaque instant. Lorsque ses enfants ont commencé à aller à l’école, elle s’est engagée à les y déposer chaque jour.
Elle savourait ces précieux moments du matin.
« Pendant qu’elle allaitait l’une d’elles, l’autre se préparait pour l’école », raconte-t-elle. « J’ai veillé à les câliner et à les préparer… avant de me rendre à l’hôpital ».
Ses enfants ont gardé un joli souvenir de ces conduites matinales.
« Ils ne peuvent pas se concentrer à l’école si leur maman ne les dépose pas », dit-elle. « Cela leur donne confiance en eux, et ils sont fiers. »
La prochaine génération
Au cours de ses nombreuses années de formation, la professeur Fanja a appris auprès d’enseignants compétents à Madagascar.
« Sans eux, je ne serais pas devenue professeur », affirme-t-elle. « Et c’est ce que j’essaie de transmettre à la génération qui nous succède. »
En 2015, dans le cadre de sa quête permanente d’améliorer ses compétences, elle a eu l’occasion de s’associer à Mercy Ships alors que l’Africa Mercy® était à quai à Madagascar.
« Je m’en souviens très bien », témoigne-t-elle. « L’équipe de Mercy Ships était là pour nous former aux compétences chirurgicales de base acquises par simulation ».
Elle a suivi un cours de Mercy Ships sur son lieu de travail, l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA), un centre chirurgical de premier plan et le plus grand hôpital de Madagascar. Par la suite, elle a été formée pour devenir formatrice. Elle a aidé Mercy Ships à enseigner à d’autres étudiants malgaches en 2016.
« Depuis lors, ils ont toujours fait appel à moi pour enseigner la simulation chirurgicale », déclare-t-elle.
La professeur Fanja a enseigné au Bénin, au Cameroun, en Guinée, au Sénégal et, bien sûr, à Madagascar, son pays d’origine. Aujourd’hui, elle pratique des opérations chirurgicales le jour et enseigne la nuit. Elle est passionnée par la collaboration avec ses collègues de l’HJRA pour préparer la prochaine génération de chirurgiens.
« Après le départ de Mercy Ships, nous avons essayé de prolonger les enseignements qu’ils nous avaient donnés », dit-elle. « Les étudiants ont davantage confiance en eux, grâce à la formation commencée par Mercy Ships et que nous avons poursuivie.
Un partenariat durable
Le partenariat de Mercy Ships avec Madagascar est profond. Au cours des trois précédentes missions, 2 019 professionnels de la santé ont reçu une formation. En février 2024, l’Africa Mercy arrivera à nouveau à Toamasina, à Madagascar.
La professeur Fanja s’est dit « ravie » de renouveler son partenariat avec Mercy Ships.
« J’attends beaucoup de ce retour dans notre pays », déclare-t-elle.
Tout comme elle l’a fait en 2015, elle souhaite s’associer à Mercy Ships dans le cadre de leur mission de Formation, d’Enseignement et de Mobilisation. Ce programme vise à renforcer les systèmes chirurgicaux et anesthésiques du pays d’accueil en investissant dans la formation et le mentorat des professionnels locaux, en augmentant le nombre de chirurgiens qualifiés dans le pays et en créant des programmes éducatifs durables. Mais elle ne souhaite pas juste reproduire le passé.
« Nous devrions relever encore plus de défis », explique-t-elle.
Selon elle, si des formations sont organisées dans un plus grand nombre d’établissements médicaux à travers le pays, cela permettra de « garantir la sécurité des patients sur l’ensemble de l’île ».
La professeur Fanja estime que les ressources humaines et les compétences de son pays sont excellentes et que la qualité des soins s’est constamment améliorée.
« Nous pouvons désormais traiter de nombreuses pathologies ici, alors qu’il y a dix ans, nous aurions envoyé le patient en France ou aux États-Unis », affirme-t-elle. « Je peux donc témoigner que les soins chirurgicaux progressent. »
Cependant, elle explique que pour soutenir les professionnels qualifiés à Madagascar, plus de formation et de meilleurs équipements et ressources techniques sont nécessaires. C’est là qu’un partenaire comme Mercy Ships entre en jeu.
« Je rêve de pouvoir disposer d’une faculté de médecine entièrement équipée », dit-elle.
La professeur Fanja imagine des laboratoires de simulation où la formation répond aux standards les plus élevés et où les étudiants peuvent s’exercer avec des équipements de pointe et des technologies modernes.
« Il y aura toujours des patients », explique-t-elle. « Je prendrai ma retraite un jour ou je tomberai peut-être malade un jour, qui sait ? Si nous ne pouvons pas garantir la pérennité de nos actions, les standards de formation ne s’amélioreront jamais ».
Grâce à la combinaison d’un partenariat durable, de compétences partagées et de plus de ressources techniques et d’équipements pour son pays, elle a confiance en une véritable amélioration de la situation.
« C’est mon rêve pour Madagascar », déclare-t-elle. « Et je pense que c’est un rêve pour nous tous ».
En 2024, Mercy Ships ouvre officiellement un nouveau chapitre de son histoire avec une flotte de deux navires en service, l’Africa Mercy à Madagascar et le Global Mercy™ en Sierra Leone. Ces missions ne seront pas possibles sans des bénévoles compétents pour constituer les deux équipages et travailler en partenariat avec des chirurgiens locaux comme la professeur Fanja.
Nous avons besoin de membres d’équipage de tous horizons et de toutes compétences pour embarquer avec nous.