Le formidable impact d’un partenariat en Guinée pour accélérer l’accès aux soins de santé dans toute la région

Le Dr David Ugai, directeur pays de Mercy Ships, et le ministre de l’Enseignement supérieur, M. Alpha Bacar Barry, ont coupé un ruban cérémonial devant le nouveau centre de formation dentaire de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry lors d’une cérémonie.

Le 25 septembre 2024, Conakry, en Guinée, a franchi une étape importante dans le domaine des soins de santé.

L’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC), la seule école dentaire publique du pays, a officiellement ouvert les portes de son nouveau centre de formation ultramoderne, marquant la fin de 20 mois de construction.

Le nouvel espace de 1 500 m2 fait plus que doubler la capacité de formation théorique et pratique, et de traitement des patients des étudiants en médecine dentaire, ce qui leur permet d’atteindre un niveau d’enseignement supérieur et une excellence professionnelle plus élevés tout en comblant le fossé critique en matière d’accès aux soins.

Le jour de la cérémonie d’ouverture, l’ambiance était très animée. Les participants, dont le Ministre de l’Enseignement supérieur du pays, M. Alpha Bacar Barry, ont parlé de l’importance de cette expansion.
« Nous savons que la population de notre pays a vraiment besoin de soins dentaires. Ce centre est destiné à répondre à ce besoin, car on ne peut pas parler de santé sans infrastructure. Le fait de disposer de cette installation et de cet équipement est une énorme bénédiction pour la Guinée. »

Un étudiant de l’école dentaire de l’UGANC fait une démonstration au ministre guinéen de l’enseignement supérieur, M. Alpha Bacar Barry, lors d’une visite du nouveau centre de formation dentaire de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry.

Un partenariat pour renforcer les compétences des professionnels dentaires guinéens

Mercy Ships a commencé à travailler en partenariat avec l’UGANC en 2018, alors que son navire-hôpital, l’Africa Mercy®, était à quai à Conakry. Durant cette période, le Dr David Ugai, dentiste principal – aujourd’hui Directeur pays de Mercy Ships en Guinée et Directeur du Programme dentaire et des bourses d’études, a pu témoigner de l’ampleur des besoins en soins dentaires dans le pays.
C’est un problème qu’il avait déjà rencontré, lors de sa première mission de bénévolat chez Mercy Ships en Guinée en 2012. Là-bas, il avait observé les files d’attente des patients en quête de soins dentaires, qui ne cessaient de s’allonger.
« Nous pourrions rester en Guinée pour l’éternité et cette file d’attente continuerait d’exister », déclare-t-il.

Dans la région Afrique de l’OMS, il n’ y a en moyenne que 3,3 dentistes pour 100 000 habitants, soit environ un dixième du ratio mondial. Dans des pays comme la Guinée, une grande partie de la population, en particulier celle qui vit dans les zones rurales, n’a donc pas accès à des soins dentaires urgents.
Les besoins sont particulièrement importants chez les enfants, puisque l’OMS indique que 40 % des enfants guinéens âgés de 1 à 9 ans ont des caries non traitées. Lorsqu’ils sont négligés, les problèmes bucco-dentaires tels que les caries, les maladies des gencives et la perte de dents peuvent entraîner des infections et des abcès potentiellement mortels.

L’équipe de Mercy Ships a compris que le seul moyen de mettre fin aux longues files d’attente et d’obtenir des résultats concrets était de s’attaquer à la racine du problème : le manque de personnel dentaire dans le pays. Le Dr Ugai savait que l’enseignement était la clé. C’est pourquoi, lorsque l’Africa Mercy a quitté le pays en juin 2019 après une mission de 10 mois, il a décidé de rester en Guinée pour lancer un partenariat à long terme, le premier du genre, avec l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC).

Avant l’implication de Mercy Ships, il n’y avait pas de technologie de simulation ni de clinique sur place pour les étudiants. En 2018-19, le partenariat a introduit la simulation et la formation pratique pour les étudiants avec quatre postes de simulation et 10 fauteuils dentaires pour les soins aux patients.

La récente expansion a permis de créer 30 postes de simulation ainsi que 22 fauteuils dentaires pour les soins aux patients, et d’ajouter des laboratoires pour la formation pratique et la prothèse dentaire. Les technologies de pointe comprennent un scanner à faisceau conique, qui prend rapidement des images 3D détaillées pour un diagnostic et un traitement précis, ainsi qu’un système digital de gestion des données médicales installé pour la tenue des dossiers des patients.

Selon le Dr Ugai, « nous sommes désormais en mesure de donner à chaque étudiant la possibilité de suivre une formation, un programme d’études et un processus qui répondent non seulement aux normes guinéennes et aux normes d’accréditation, mais aussi aux normes internationales d’accréditation à l’avenir ».

Vers un impact durable

Au cours des cinq dernières années, le partenariat entre l’université et Mercy Ships s’est transformé en une série de programmes durables comprenant des formations d’infirmier anesthésiste, de chirurgien spécialisé et d’ingénieur biomédical, conçus pour combler progressivement les lacunes en matière de main-d’œuvre et favoriser un meilleur accès à des soins de santé de qualité sur le long terme. Les professionnels de la santé du pays ont déjà constaté des différences tangibles.

Le professeur Joseph Donamou, médecin anesthésiste, a constaté de visu l’impact du programme de formation des infirmiers anesthésistes dans les salles d’opération des hôpitaux locaux. Le programme conduit déjà à des pratiques plus sûres, à de meilleurs résultats et à des vies sauvées, en particulier dans le domaine de l’obstétrique et des césariennes.

Depuis le lancement du programme en 2019, le professeur Donamou dit avoir constaté une évolution : les césariennes du pays sont désormais toutes pratiquées sous rachianesthésie, ce qui a considérablement réduit le taux de mortalité materno-fœtale.  « Aujourd’hui, » dit-il, « il est rare qu’une femme meure au cours d’une césarienne. »

Pendant ce temps, les compétences croissantes des étudiants en médecine dentaire de l’université apportent déjà des sourires plus brillants à la population guinéenne. Les visites de patients permettent aux étudiants d’affiner leurs techniques en situation réelle tout en fournissant des soins dentaires de qualité à la communauté. Au cours de ces visites, les patients bénéficient de nettoyages bucco-dentaires de routine, de conseils en matière de soins dentaires et de tous les soins nécessaires. Ces soins réguliers permettent de traiter les problèmes bucco-dentaires simples à un stade précoce, avant qu’ils ne se transforment en problèmes plus importants et potentiellement mortels.

Au niveau individuel, les patients bénéficient du travail quotidien de ces étudiants. Mais à plus grande échelle, des programmes et des partenariats comme ceux-ci ont le pouvoir de transformer l’accès aux soins dentaires – non seulement en Guinée, mais dans toute la région de l’Afrique subsaharienne.

Une patiente sourit après avoir reçu un traitement à la clinique de l’école dentaire de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, qui vient d’être achevée.

Un centre international dédié à l’enseignement

Au cours des dernières années, Mercy Ships a élargi son partenariat avec l’UGANC en parrainant des étudiants internationaux, élargissant ainsi la portée de la formation au-delà de la Guinée elle-même.

Les étudiants de l’UGANC sont maintenant issus de différents pays africains, tels que le Bénin, Madagascar, la Guinée Bissau et la Sierra Leone. En septembre 2024, 26 étudiants internationaux ont été inscrits dans divers programmes de l’université, dont 11 étudiants en médecine dentaire de la Sierra Leone voisine, où le Global Mercy™ a accosté pour deux missions, de 2023 à 2025.

Pendant ce temps, des étudiants comme Ruth Catraye, dentiste originaire du Bénin, sont déjà profondément engagés dans leur parcours vers l’avenir. Ruth a assisté à la fermeture forcée de la clinique universitaire de son pays d’origine. « Il n’y avait pas assez de professeurs, il n’y avait pas de formation pratique pendant les cours et les étudiants ne recevaient pas vraiment de cours d’odontologie. Actuellement, nous n’avons pas une seule faculté au Bénin qui nous permettrait de vivre du travail que nous aimons, alors pour nous, étudiants qui voulons progresser dans ce domaine, c’est difficile. »

Sans ressources telles que la clinique universitaire, Ruth explique que de nombreuses personnes ayant besoin de soins dentaires – en particulier dans les zones rurales du pays – souffrent de douleurs non traitées et sont confrontées aux complications qui en découlent souvent. Après avoir obtenu sa spécialisation dans le cadre du programme de partenariat au Maroc, Ruth prévoit de retourner dans son pays et, avec ses collègues béninois diplômés, de rouvrir l’école dentaire et de veiller à ce que des soins de qualité soient à nouveau largement disponibles.
« Je rentre chez moi pour servir mon pays et aider des jeunes comme moi, qui rêvent de devenir chirurgiens-dentistes, à progresser dans ce domaine », déclare-t-elle.

Les espoirs sont grands de voir ces professionnels instruits et expérimentés, comme Ruth, retourner dans leur pays d’origine à l’avenir, pour y créer leurs propres écoles et renforcer les soins dentaires dans toute la région.

« Les Guinéens ont l’habitude de se rendre à l’étranger pour recevoir des soins médicaux, mais grâce à ce précieux centre, ils n’auront plus besoin de se faire soigner à l’étranger. Les gens pourront se faire soigner ici », explique le Professeur Mohamed Cissé, doyen de la faculté de médecine de l’UGANC. « Je voudrais tout simplement remercier Mercy Ships, car ils nous ont permis de sortir de l’ornière et de devenir une référence en matière de chirurgie dentaire ».

Visitez mercyships.fr pour savoir comment participer au travail d’enseignement, de formation et de promotion de la santé qui transforme des vies en Afrique subsaharienne.