À la rencontre de l’espoir : le parcours de Mohamed, de la douleur à la guérison

Mohamed, patient en orthopédie, avant son opération.
Mohamed, 13 ans, est audacieux, plein d’entrain et charismatique. Il est le huitième d’une fratrie de neuf enfants et vient de Koinadugu, un district de la province nord de la Sierra Leone. Son histoire est celle de la résilience et de la guérison.
Mohamed était un enfant actif qui profitait pleinement des joies de l’enfance. Il courait librement et jouait avec ses amis.
Mais en 2020, alors que le monde était en plein confinement, Mohamed a connu un autre type d’isolement : ses jambes ont commencé à se tordre sans raison apparente.
Marcher est progressivement devenu difficile. « Je ressentais une douleur lorsque mes pieds se pliaient vers l’intérieur », explique-t-il. « Même quand je dors, je me réveille souvent en pleurant parce que j’avais mal. »
Beaucoup d’épreuves, un seul espoir
Au fil du temps, l’état de Mohamed s’est dégradé et a entraîné des difficultés de mobilité.
« J’étais le meilleur footballeur de tous les jeunes de mon village, mais quand j’ai commencé à souffrir, je n’ai plus pu jouer. »
À l’école, les choses ont également changé, ses camarades se moquaient de lui à cause de son état.
Aller à l’école devenait un défi. Mohamed devait monter et descendre au moins deux collines, ou alors prendre son vélo. « Avant, j’allais à l’école à vélo. Mais lorsque mon état s’est dégradé, je n’ai plus été capable de pédaler. »
Il poursuit : « Alors quand je quittais la maison, grimper les collines pour accéder à l’école était un obstacle insurmontable. Parfois, quand je descendais la première colline, je n’étais plus capable de continuer à marcher et je rentrais à la maison. »
Mohamed a donc manqué de nombreux cours. Il a également interrompu sa participation qu’il aimait tant aux activités sportives de l’école.
Son état l’empêchait aussi d’aider sa mère à la ferme. « Mes amis et moi allions chercher du bois de chauffage pour nos parents. Mais lorsque ma jambe a commencé à me faire mal, je n’ai plus pu y aller », raconte-t-il.
Mohamed était conscient des responsabilités qui l’attendaient en tant qu’adulte en Sierra Leone. Il devait faire un choix. Alors en 2023, il a décidé de suivre des cours de couture. « À cause de la douleur, je savais que je ne pourrais pas exercer certains métiers, alors j’ai choisi d’apprendre la couture. » Mais même cela s’est avéré difficile pour lui.

Mohamed, pendant sa rééducation avec Kathleen Bardwell, kinésithérapeute.
L’espoir d’un miracle
Alors que son état empirait, sa famille se mobilisait. La situation n’était pas nouvelle pour eux. Selon Mohamed, « deux de mes frères étaient nés avec la même maladie, mais la mienne était la plus grave : mes frères en sont atteints d’une jambe, mais moi, des deux. »
Son frère aîné vit toujours avec cette maladie. Mais les jambes de son autre frère, Shaku, qui l’a accompagné jusqu’au navire-hôpital de Mercy Ships, ont pu être redressées. « La méthode de traitement traditionnelle a fonctionné pour lui », explique Mohamed.
Elle consiste à attacher les deux jambes avec un choix de feuilles bien spécifiques pendant toute la nuit. Le processus est répété jusqu’à ce que les jambes se redressent. La mère de Mohamed l’a emmené suivre le même traitement, mais il n’y a eu aucune amélioration.
Puis un jour, des visiteurs sont venus dans le village de Mohamed et l’ont inscrit pour une intervention chirurgicale à Freetown. Il est allé au rendez-vous avec son père.
Après évaluation, on leur a demandé de payer presque 1 900€ pour son opération. « Mon père leur a dit qu’il n’avait pas d’argent, même pas pour la radiographie », confie Mohamed.
Ils sont rentrés chez eux sans aucun espoir de traitement en vue.
« Ma mère m’a dit qu’un jour, Dieu enverrait des gens pour m’opérer », raconte Mohamed. « Et un jour, nous avons entendu parler de Mercy Ships. Cinq ans de souffrance avant que Mercy Ships n’arrive et ne m’opère.»
C’est un ami d’école qui a parlé à Mohamed d’une femme dont la fille avait été opérée à bord du Global Mercy™.
Il est rentré chez lui et a parlé du navire-hôpital à ses parents. Quelques mois plus tard, l’équipe de Mercy Ships est arrivée à Kabala pour évaluer et enregistrer les patients pour une opération, et Mohamed s’est inscrit avec enthousiasme.
Un nouveau chapitre s’ouvre avec Mercy Ships
Une fois à bord du Global Mercy, Mohamed a été diagnostiqué avec un genu varum bilatéral, une affection dans laquelle les deux genoux sont tournés vers l’intérieur et se touchent, alors que les chevilles restent écartées.
« Dès que j’ai rencontré Mohamed, j’ai vu à quel point il était intelligent. Et il était tellement heureux d’être là », déclare Bailey Havis, une infirmière bénévole américaine.
« Les bénévoles sont vraiment sympathiques. Ils jouaient avec moi, me parlaient et m’encourageaient », raconte Mohamed.
Lorsqu’il a été déclaré apte pour une intervention chirurgicale, il était fou de joie et plein d’espoir pour son avenir. Le 29 janvier 2025, cette intervention s’est déroulée avec succès.
« Après l’opération, quand j’ai regardé mes jambes, j’étais tellement heureux », raconte-t-il.

Mohamed, dansant lors de sa sortie du service hospitalier.
Mohamed, dancing during his final discharge.
Retrouver ses forces petit à petit
La rééducation a été intensive et a duré quatre mois. Mais tout au long de cette période, Mohamed a fait preuve de force et de résilience.
Parallèlement à ces exercices, il s’est entraîné à faire des mathématiques avec Bailey, son padi – le mot krio en dialecte local, pour « ami ». « Je suis reconnaissant pour toutes ses leçons de maths. J’ai beaucoup appris de Bailey », confie-t-il.
À chaque pas, ses jambes devenaient plus fortes et sa confiance en lui grandissait. Le jour où l’équipe médicale lui a retiré ses plâtres, il a déclaré : « Je suis heureux. Maintenant que mes jambes sont droites, on ne se moquera plus de moi. »
Lors d’un de ses rendez-vous de rééducation, Mohamed a eu l’occasion de monter les escaliers jusqu’à la passerelle où il a rencontré le capitaine Ian Lawrence qui lui a gentiment fait visiter le poste de commandement du navire et l’a laissé s’asseoir dans son siège. « Tout le monde n’a pas la chance de rencontrer le capitaine et de prendre des photos avec lui, merci ! », raconte Mohamed.

Mohamed, rencontrant Ian Lawrence, capitaine, et visitant la passerelle.
Un nouveau jour porteur de belles promesses
Une fois sa rééducation terminée, Mohamed est rentré chez lui et a repris sa vie, libéré de la souffrance et ouvert à de nouvelles opportunités.
Il est très impatient de reprendre l’école. « Mes amis seront contents pour moi parce que mes jambes sont redressées », témoigne-t-il, ajoutant que sa mère aussi sera heureuse : « Je suis de retour avec des jambes toutes droites et je peux l’aider dans les tâches ménagères. »
Il a également hâte de reprendre des activités sportives avec ses amis et est impatient de retrouver ses cours de couture.
Mohamed peut désormais envisager son avenir plus serein ; il souhaite devenir directeur de banque, « parce que cela permettra de subvenir aux besoins financiers de ma famille ».
« Sans cette opération, je n’aurais pas pu faire grand-chose. Mais maintenant, je suis capable de faire beaucoup et travailler dur pour moi et pour aider ma famille. »
Mohamed’s future goals are now back on track as he wants to become a bank manager. He believes this will enable him to support his family financially.
“Without this surgery, I was not going to be able to do many things. But now that I have gotten it, I can do many things and work hard to help me and my family.”

Mohamed, lors d’une visite à domicile.








