Les premiers pas d’Assiatou

Assiatou, plastics patient, before surgery.

Assiatou s’est penchée en avant avec précaution, appuyant son pied sur le sol – d’abord le talon, puis la semelle, jusqu’à ce que même ses orteils soient à plat sur le sol de l’hôpital. Elle a avancé prudemment avant qu’un sourire ne se dessine sur son visage. Ce n’était qu’un petit mouvement, mais pour la jeune femme de 18 ans, c’était un pas vers la guérison.

À seulement 6 mois, Assiatou a été impliquée dans un accident de voiture qui lui a provoqué de multiples brûlures. Faute de moyens financiers, elle n’a pas pu être soignée, et a dû grandir avec cet handicap.

Avec le temps, ses brûlures ont fini par former un épais tissu cicatriciel. En grandissant, la peau de sa cheville gauche s’est contractée, ce qui l’a empêchée de marcher correctement. Pas le choix… elle a du s’adapter ! Pendant 18 ans, elle a marché sur son talon gauche. Malgré sa mobilité réduite, elle parvenait à se rendre à l’école à pied, mais ses déplacements étaient tout aussi douloureux qu’épuisants.

Pour Assiatou, sortir de chez elle signifie s’exposer aux moqueries. Certes, elle a conscience de son handicap, mais devoir affronter le regard des autres est une véritable épreuve.

« Les gens ne se rendaient pas compte que je les entendais. Souvent, ils disaient : « Regardez cette fille, regardez sa jambe.‘ »

Assiatou, plastics patient, before surgery.

Son accident de voiture n’allait pas l’empêcher d’avancer dans la vie : Assiatou était déterminée à devenir coiffeuse ! Habile de ses doigts et créative, on peut dire qu’elle est douée ! Intérieurement, elle était persuadée que son handicap lui fermerait des portes, et qu’elle ne deviendrait jamais coiffeuse. Cependant, un beau jour, elle découvrit qu’elle allait peut-être changer de vie !

La jeune fille de 18 ans a entendu parler d’un navire-hôpital au Cameroun, avec à son bord, des chirurgiens bénévoles du monde entier qui pouvaient la soigner. Après une première consultation, son opération a été programmée à bord de l’Africa Mercy®, au sein du service de chirurgie plastique-reconstructrice. Assiatou qui rêvait d’une nouvelle vie pouvait enfin l’envisager.

« C’est une étape importante dans ma vie » , a-t-elle déclaré. « Je n’aurais jamais pensé que ce jour arriverait » .

Après une opération réussie à bord de notre navire-hôpital, Assiatou a dû faire face à plusieurs mois de rééducation. Certaines séances étaient plus difficiles que d’autres. Lorsqu’elle perdait courage, elle pouvait compter sur le soutien de nos infirmiers et médecins bénévoles.

De jour en jour elle faisait des progrès. Par exemple, pendant l’une de ses séances de rééducation, elle s’est penchée en avant avec précaution, et est parvenue à poser son pied à plat sur le sol. Elle s’est rendu compte de ce qui était réellement en train de se passer.

Lorsque sa période de rééducation arriva à son terme, la jeune femme retrouva tout l’espoir qui lui avait manqué pendant 18 ans. Ce qui est pour nous une banalité, a été pour Assiatou un merveilleux cadeau : enfiler sa première paire de baskets ! Voyez par vous même la fierté dans ses yeux.

Assiatou in the doorway of her home.

Aujourd’hui, Assiatou est en bonne santé, et plus heureuse que jamais. Désormais capable de marcher sans difficulté, elle se surprend à apprécier tous les petits moments du quotidien : faire les courses, se balader avec son fils, ou tout simplement marcher ! Les moqueries et les jugements sont maintenant derrière elle, désormais elle a l’impression d’être comme les autres.